Le Rajasthan Autrement

du 25 mars au 08 avril 2024

Day 01  lundi 25 mars  2024 Nice - Doha Boeing 787 + Airbus A 330


Day 02  Mardi 26 mars 2024Doha - Delhi - Khandela 250 km 5/6h

Accueil à l'aéroport par Abhishec, un assistant de Raj Sharma et Girver le chauffeur qui se révèlera beaucoup plus qu'un chauffeur. Colliers de fleurs et pochette personnalisée, bouteilles d'eau. Du jamais vu dans ce genre de voyage : dans la voiture une délicate attention à disposition des passagers : un plateau avec des fruits secs, des bonbons, des biscuits, des mouchoirs en papier, des lingettes, du gel désinfectant. Il n'y a que Incredible Rural India qui pratique ce genre de raffinement. La voiture est une Toyota Innova  Crysta spacieuse et confortable.


Ayant l'habitude de décrypter les regards et les expressions faciales, nous sommes rassurés, les deux personnes qui nous accueillent sont clairs dans la tête, leur façon d'être et dans leur âme.

Il nous est arrivé souvent de percevoir dès le premier regard que le chauffeur ne conviendra pas, mais nous n'avons jamais osé dire "non nous ne voulons pas de ce chauffeur" dès le premier jour. Cela nous a malheureusement toujours porté préjudice.

Cette fois dès le début nous savons que ce sera bien.

Sortie de Delhi un peu longue comme d'habitude, trafic Jam.


  1. Puce Déjeuner au Highway King de Neemrana: délicieux sandwich vegetarien et mix paratha avec curd (dahi). On commence léger pour ne pas brusquer les intestins.


Visite du village d'Abhishec et de sa famille à Sangtera près de Kotputli. Nous sommes à 156 km de Delhi et plongeons déjà dans l'Inde profonde et sa réalité loin de la mondialisation.

Abhishec nous fait découvrir ses souvenirs d'enfance avec l'étang sacré dans lequel les gens se baignent lors de certaines cérémonies pour obtenir une guérison, l'école du village plus ou moins en ruine, de jolis havelis décrépis et abandonnés.

Sapna propose de tatouer le bras de Nadia au henné. Belle entrée en matière. Nous constatons à quel point les gens de ce village sont pauvres. Il n'y a pas ou peu de revenus, pas ou peu de commodités. Nous sommes invités à prendre le thé. Merci à Santra, Sapna  Saroj, Shivlal, Avika, pour leur accueil.

Nous laissons Abhishec à un arrêt de bus pour qu'il rentre à Jaipur.

Continuation vers le temple Shakambhari Mata Mandir de Gurara. Les brahmanes nous invitent à nous approcher, histoire de demander une donation.

Nous avons l'habitude de visiter des temples et des sites religieux dans le monde. Les temples hindous sont les seuls où nous sommes toujours sollicités pour donner de l'argent.

Petite montée pour atteindre le Muni Ashram où reposent les cendres de sri Atma Muni Ji Maharaj. Contrairement aux brahmanes le responsable des lieux, Jagdish Dirvedi, nous offre le thé et des gâteaux. Nous échangeons sur sa mission au sein de l'ashram.


Arrivée tardive (19h) au Khandela castel.


  1. Puce Dîner et nuit au Castel Khandela , bien situé en pleine ville, avec une vue incroyable depuis le toit sur la région.

Voir avis dans le menu hôtels.


Day 03 mercredi 27 mars 2024  Khandela - Roopangarh  170 km 3/4 h

Départ matinal. Il est trop tôt pour faire le tour du village qui semble très authentique.

Les tours de villages sont plus que de la curiosité: c'est l'occasion de découvrir et de comprendre tout un système socio-économique. Il y a encore en Inde un tas de petits métiers utiles, voire indispensables, qui existaient en Europe avant l'ère de la mondialisation. Par exemple le barbier. Tous les villages Indiens ont un ou plusieurs barbiers. Alors qu'il existe des rasoirs à main et des rasoirs électriques, pourquoi y-a-t-il toujours autant d'hommes qui vont chez lez barbiers ? La tradition ? Pourquoi la tradition a-t-elle aussi facilement disparu dans nos pays ? Qu'y a-t-il derrière la tradition ? Que se passerait il si les hommes arrêtaient d'aller chez le barbier ? Des milliers de familles sans revenu ? Le rasoir jetable contre un homme jetable ?

Les opportunistes et les darwinistes diront qu'il pourrait trouver du travail dans l'usine de rasoirs. C'est vrai. Mais qui cela enrichit il ? Encore faut il que l'usine soit installée dans son propre pays !

Kandela est une étape où il serait bien de rester au moins deux nuits.

Girver propose de nous faire découvrir des imprévus. Direction Lohargal. Un village encastré entre deux montagnes.

Visite d'un baori (puits à escaliers) ancien, puis visite d'une école gouvernementale traditionnelle. Tous les frais sont payés par le gouvernement, scolarité, uniformes, fournitures et même le repas de midi.

80 élèves de 2 à 13 ans sont répartis sur 8 classes. Ils apprennent d'abord le sanscrit, puis l'hindi et un peu d'anglais. Avec le sanscrit ils découvrent ou renouent avec les racines de la culture indienne. Pas seulement la grammaire et les textes, mais les valeurs traditionnelles qui ont fait ce que l'Inde était avant de vendre son âme à la mondialisation.

Tous les élèves sont venus nous saluer en nous touchant les pieds pour être bénis. Ensuite ils ont fait de la médiation, ont récité un poème en sanscrit et ont chanté le Gayati Mantra. C'était très émouvant. Nous avions emmenés une provision de stylos et de bonbons que nous avons partagés en demandant à Girver et aux enseignants de le faire, pour que les touristes ne soient pas associés à "one pen, one toffee".

En les quittant nous nous posons plein de questions, quel est l'avenir de ces enfants à qui ont enseigne les racines, pendant que le reste de l'Inde se gargarise de modernité technologique ? Est-ce une façon de maintenir la différence des castes et de préparer les futurs "serviteurs" et "servantes" de l'élite ? Combien d'enfants de cette école sont réellement doués et pourraient prétendre à des carrières supérieures à celles auxquelles ils se destinent ?

A l'entrée du village visite du petit temple d'Hanuman, avec son centre d'hébergement pour les pèlerins qui sont parfois très nombreux.

Nous continuons en voiture puis à pieds vers le centre du village. Parking obligatoire sur la gauche à l'entrée du village. La rue principale est jalonnée de boutiques d'objets pieux, de marchands de pickles, de boutiques de souvenirs et de tissus, de petits temples privés.

Le business de la religiosité.

Girver achète des pickles pour sa famille et nous fait gouter un pickles d'Amla. Très bon.

Courte visite du petit temple dédié à Ganesh, tenu par Deepak Surami et sa femme Manju.


Arrivé au sommet de la rue nous découvrons le Sun Temple - Surya Mandir, impressionnant par son décor et la foule qui s'y presse. Un immense bassin où se baignent de nombreux pèlerins. Les hommes en short , les femmes en saree.


Tour du temple. Girver propose d'accepter la bénédiction d'un brahmane qui nous met un petit bracelet rouge et jaune au bras pour une donation. Bras droit pour les hommes et bras gauche pour les femmes. Girver qui a du rappeler au Brahmane le bon bras pour une femme.

En revenant vers la voiture nous croisons un cortège de femmes, toutes vêtues de saree rouges qui chantent en se dirigeant vers le temple.


  1. Puce Route pour Roopangarh; Arrêt déjeuner au restaurant Riddhi Siddhi Resort, vegetables noodles.


Arrivée 16h30 au fort de Roopangarh.

Nous allons à la rencontre des gens du villages que nous avions rencontrés en 2016, pour leur donner les photos que nous avions prises. Si cela touche les gens de voir que nous avons pensé à eux, cela crée beaucoup d'excitation chez les adolescents mâles qui en deviennent collants, arrogants, voire irrespectueux.

Nous retrouvons le vendeur de thé: Nand Kishor et la vendeuse de bracelets: Vimala et Komal sa fille, le vendeur de biddies et de betel qui a été très ému, le moulin à huile, la vielle serveuse d'eau potable, toujours repliée dans sa petite fenêtre.

Devant l'insistance grossière de jeunes connards, nous rentrons à l'hôtel plus tôt que prévu. Ce sera notre dernière fois à Roopangarh.

  1. Puce Dîner et nuit au Roopangarh fort.


Day 04 Jeudi 28 mars 2024 Roopangarh - Sursara - Tilonia - Candelao 240 km 5/6h

Route pour Candelao.

En route, visite du village de Sursura et du temple Tejaji mandir ou temple du Serpent. Tejaji était un guerrier qui avécu au 11ème siècle. Il a mené de nombreuses batailles, souvent seul contre des centaines d'ennemis, ce qui semble confirmer qu'il s'agirait d'une légende. Alors qu'il tentait de récupérer des vaches qui avaient été dérobées il a été mordu par un serpent qui a entrainé sa mort. Il aurait été incinéré à l'endroit où il est mort où un temple a été érigé. Selon la légende qui serait devenue réalité, lorsqu'une personne est mordue par un serpent elle serait guérie en venant faire une poja dans ce temple.


Route de campagne pour Tilonia. Sur la route Girver nous arrête au village de Bhojiyawas pour nous faire rencontrer des agriculteurs et des familles accueillantes : Prabu de la communauté Jat, Ramashaver de la communauté Gujar, Augama de la communauté Gujar.

Nous échangeons un peu: les trois sont à la retraite et disent vivre un moment merveilleux. Ils n'ont plus rien à faire d'autre que de se reposer, se réunir, discuter, boire le thé, fumer, jouer aux cartes. Leurs enfants s'occupent de tout.

Revers de la médaille : alors qu'avant, les fratries s'entre aidaient, cultivaient ensemble des terrains plus grands puisque familiaux, aujourd'hui les enfants quittent la terre parce qu'ils ne veulent plus d'un travail aussi dur, ils vendent les terrains en les fractionnant pour avoir chacun sa part, ceux qui restent n'ont plus que des petites parcelles qui parfois font à peine vivre leur famille. 

Prabu nous invite à boire le thé dans sa ferme avec sa famille.

Dans les villages, il n'y a plus que les hommes âgés qui portent le turban, une petite veste ceintrée blanche et le dhoti blanc (tissus qui drape les jambes). Si les femmes portent encore, (pour combien de temps ?) le saree, les jeunes fermiers portent des tee shirt, des pantalons de jogging ou des jeans.

L'image des hommes enturbannés, comme celle des femmes au puits va disparaitre définitivement des paysages indiens. Nous sommes heureux d'avoir été témoins de ces traditions.


11h15 Tentative de visite de Barefoot Collège à Tilonia

Barefoot college est une ONG indienne créée par Bunker Roy en 1972 pour palier aux difficultés que rencontrent les paysans pauvres de la région : accès à une eau propre, à l'électricité, aux soins. Issu de famille appartenant à l'élite Bengalie, il a pris conscience très jeune de la misère qui sévit en Inde. Il a commencé par travailler comme bénévole dans des associations. Ouvrier dans la construction et l'entretien de puits au Rajasthan, il souhaite aider les gens des villages qu'il rencontre. Le gouvernement lui cède un sanatorium à Tilonia.

Ayant compris comme la plupart d'entre nous que ce sont les femmes qui sont la force souterraine de l'Inde, mais aussi qu'elles sont plus stables parce qu'elles restent davantage dans leur région d'origine, il décide de se reposer sur les grands mères et les mères pour réaliser son projet d'accès à l'eau propre, notamment en créant des citernes qui récupèrent l'eau de pluie, d'électrification des villages en utilisant des panneaux solaires que les femmes apprennent à construire et à entretenir. Ce qui contribue à renforcer le pouvoir des femmes au sein des communautés. Cela ne s'est pas fait sans poser de problèmes.

Depuis, des jeunes sans travail, des handicapés sont venus rejoindre Barefoot.

Devenue célèbre et supportée par de richissimes sponsors internationaux, l'ONG a développé des antennes dans de nombreux pays comme Madagascar, Cameroun, Zanzibar, Belize, Guatemala etc...

Dans les ateliers on fabrique aussi de l'artisanat local de qualité à des prix souvent supérieurs à ceux que l'on trouve sur le marché.


Nous avions tenté de visiter Barefoot college en 2016. A l'époque il fallait réserver par internet à l'aide d'un google form, si on voulait déjeuner avec eux il fallait verser des arrhes en dollar. Ce que j'ai fait. A notre arrivée, il n'y avait personne, tout le monde était parti en bus visiter le Taj Mahal. Personne ne nous a prévenu. Quant à mon acompte, personne n'a vu passer mon inscription, mais la somme a bien été déduite.


Cette fois nous rencontrons Brijesh Gopta coordinateur et Ram Niwas chargé de communication et responsable du théâtre de marionnettes.

Un repas nous est proposé pour 20$ par personne, pour un repas végétarien de cantine. Nous refusons. Ram Niwas fait une introduction détaillée de la fondation et de Bunker Roy. Nous échangeons sur l'humanitaire en Inde, il termine par un petit spectacle de marionnette de deux minutes. Visite de quelques ateliers vides, c'est la pause déjeuner. Passage par la boutique et quelques achats.

Brijesh nous réclame des frais de visites : 1000 rps par personne, alors que nous n'avons rien vu et que les ateliers étaient vides. J'ai refusé et laissé une petite somme pour le principe. Mon acompte m'est resté en travers de la gorge.  Quand l'humanitaire rime avec business !!!


Sur la route il y a de nombreuses entreprises de vente de marbre et de granit.


Arrivée tardive à Candelao : 18h15. Balade dans le village, distribution de photos que nous avions prises il y a 8 ans. La petite fille qui pratiquait la méditation avant de partir à l'école est devenue une grande adolescente, très surprise que nous la retrouvions.

Comme à Roopabgarh cette distribution de photos déclenche beaucoup d'excitation chez les garçons. Pourquoi uniquement les garçons ?

Nous observons à chacun de nos voyages que les mâles de 10 à 30 ans ont toujours besoin de se mêler de ce qui ne les regarde pas, de s'immiscer dans la relation que nous avons avec les gens. C'est assez pénible.

Nous finissons par nous dire qu'il y a des villages qu'il vaut mieux visiter pendant les heures d'école, de 8h00 à 13h00.


Le puits du village n'est plus accessible. Il est au milieu d'un lac. D'où vient toute cette eau ? On ne verra plus les femmes osciller entre la terre et le ciel avec leurs pots de laiton en équilibre sur la tête. On ne les entendra plus rire lorsqu'elles remontent les pots emplis d'eau. On ne verra plus ces gestes majestueux qui ressemblaient à une danse lorsqu'elles remontaient les cordes et les pots du puits.


On ne les entendra plus profiter du puits pour discuter entre elles des potins du village, des problèmes familiaux ou conjugaux. Les réservoirs et l'eau courante de plus en plus répandus dans les villages ont assassiné la fonction sociale du puits, comme les supermarchés ont assassiné la fonction sociale des petits commerces de quartiers (boucher, boulanger, cordonnier, marchand de journaux et tabac) en Europe. Pire encore depuis les réseaux sociaux et les téléphones portables. Vive le progrès...

Les pompes permettent encore de voir des femmes se regrouper, discuter et porter les pots de métal sur la tête.


  1. Puce Dîner et nuit au Candelao Garh


Day 05 vendredi 29 mars 2024 Candelao - Pipar City - Jodhpur 90 km 2/3h

Dernière balade matinale, dans un village mort ou différent de ce que nous avions connu. 


9h45 Route pour Pipar city

Visite de l'atelier d'impression (block Printer) sur tissus de Yasine Shahabuddin (Dhabu) . C'est son fils Nasad Ali qui fait la visite. On distribue les photos prises en 2016. L'atelier s'est agrandi, davantage de personnes y travaillent. Le plus jeune fils Azrudeen Chhipa  est dans l'atelier d'apprentissage. Il apprend le métier.

Nouveauté : il est possible de faire un stage d'une journée ou de plusieurs jours pour apprendre le block printing. Possibilité d'hébergement et de repas.


Visite de Pipar Bazaar en distribuant les photos prises en 2016. Girver semble prendre beaucoup de plaisir à jouer le rôle d'intermédiaire. Il interpelle les gens, cherche à qui correspond chaque photo. Cela devient un jeu, une attraction. Heureusement les gosses sont à l'école.

Nouvelles rencontres, vendeurs de beignets, de bananes, un tchai whala qui nous offre le thé, le magasin de tabac de Ravi Upadhyay et ses shilom, magasins de tissus, ferblanteries, tailleurs, vendeurs de magnifiques lances pierres en cuir. Nous retrouvons Gisharam le vieux vendeur de beignets et de lassi ambulant, qui a été très ému qu'on lui apporte une photo prise il y a 8 ans. Il nous a offert un lassi et du thé.


Route pour Jodhpur. Arrivée à l'hôtel vers 16h. Départ pour la descente de la ville bleue N'ayant pas eu le temps de déjeuner, Girver nous offre des samosas délicieux. Il nous emmène sur le parking du fort Mehrangarh pour une descente à pied de la ville bleue.

Grosse déception. Depuis 2009 pratiquement toutes les maisons sont transformées en restaurants, guesthouses, boutiques, agences de voyages avec à l'affiche Bishnoi Jeep Safari, rafting, tyrolienne, etc...C'est à ce genre de choses que l'on constate les effets secondaires du tourisme de masse, parce que 100 000 touristes individuels en sac à dos ça fait quand même masse. Balade dans le marché de l'horloge.

On profite d'être à l'hôtel pour tester des plats typiques du Rajasthan. Le daal bati churma qu'il faut commander 24h à l'avance, le Papad ki sabji décevant, le ker sangri horriblement  épicé.


  1. Puce Dîner et nuit au Devi Bhawan


Day 06 samedi 30 mars 2024 Jodhpur

En 2009, nous avions logé au Mandor Guesthouse, tenu par la famille Gehlot dont le père gérait une petite agence locale: Poly Travel. La famille avait une petite ONG qui s'occupait de quelques villages Bishnoi. Lorsqu'on logeait dans cette guesthouse, on pouvait participer à la visite des Bishnoi lors de la tournée des villages pour apporter le courrier, des médicaments, des outils. C'était authentique. Les Bishnoi ne nous attendaient pas,

il n'y a avait pas de business. Il suffisait de s'asseoir dans un coin et d'observer la vie du village. Parfois une famille nous invitait à visiter sa case en terre, ou à rendre visite à un vieux qui tissait un tapis pour le marché local.

Cette année, nous avons voulu récidiver. Mandore Guesthouse étant complète, nous avons opté pour un autre hébergement. L'agence a fait appel à un vendeur de Bishnoi jeep safari.

Bishnoir Jeep Safari made in Jodhpur :

  1. Puce Bishnoi laisse supposer que nous allons rencontrer des gens de cette communauté très particulière.

  2. Puce Jeep laisse supposer du hors piste, donc des Bishnoi sur leur territoire à l'écart des routes.

  3. Puce Safari est un mot qui ne convient pas dans la mesure où il est généralement associé à la traque ou l'observation d'animaux sauvage. Nous n'allons pas traquer des humains !

Tout cela est un leurre qui tend à faire croire que l'on va vivre une aventure façon "Grand Explorateur".

Départ vers 09h00. La jeep roule sur une route bitumée.

- Premier arrêt devant une maison en dur, avec une reconstitution de case Bishnoi au fond du jardin. Un homme était en train de faire une démonstration de cérémonie de l'opium à des touristes qui nous précédaient.

Vient notre tour. On nous explique comment faire un breuvage à base d'opium.

Cela dure 5 minutes. Ensuite on me pose un turban sur la tête et une jupe devant Nadia, pour faire un selfie déguisés en Bishnoi. En plus il faut donner une donation !

- Seconde étape, un peu plus loin toujours sur une route bitumée, une maison en bord de route avec parking où attendent d'autres voitures. Un homme nous explique les bases du tissage des carpettes bishnoi, 5 minutes et propose de visiter son magasin. Nous refusons, il le prend mal...

- Troisième étape, un peu plus loin sur la même route, arrêt devant une maison, où un potier se met à courir quand il nous voit arriver pour s'installer devant son tour et simuler la création d'un vase.

Dans sa boutique il n'y a que des éléphants en terre, de statues de dieux et de déesses des vases très colorés pour touristes.

Nous sommes désappointés par ce tour ridicule. C'est insultant pour les voyageurs et insultant pour les Bishnoi.

Question : Bishnoi veut dire 29. Ce sont les 29 règles que cette communauté est censée respecter.

La règle 4 invite à respecter la santoshi c'est à dire de se satisfaire de ce qu'on a. Qui sont ces BIshnoi qui font du cinema au bord de la route et se font payer pour des démonstrations ridicules ?

La règle 13 invite à ne pas déprécier, dénigrer, se moquer. Que font ils en se moquant à ce point des visiteurs ?

La règle 14 invite à ne pas mentir. Que font ils en participant à cette mascarade ?

La règle  24 dit que le Bishnoi ne peuvent pas consommer ni vendre de l'opium ! Qui sont ces Bishnoi qui font des simulacres de cérémonie d'opium pour arnaquer les touristes ?

Qui sont ces touristes qui vont à la chasse aux Bishnoi ?


Voyant à quel point nous étions déçus, Girver a contacté Sanjay Gehlot avec qui nous avions vu de vrais Bishnoi en 2009. Celui-ci refuse de donner les coordonnées de ses villages. Nous le comprenons. Vu comment cela se passe, c'est mieux ainsi. Nous comprenons.

Nous restons à l'hôtel l'après midi et profitons de la piscine, n'ayant aune envie de nous replonger dans ce tourisme de masse.

  1. Puce Déjeuner au Devi Bhawan


  1. Puce Dîner et nuit au Devi Bhawan


Day 07 dimanche  31 mars 2024 Jodhpur - Ghanerao  150 km  3/4h

Route pour Ghanérao. Nous rencontrons des pèlerins Jain sur la route. Pas très cool !

Girver a tenté d'obtenir des informations sur les villages bishnoi authentiques.

Il n'est plus permis de visiter des villages Bishnoi, en dehors des trois stands de démonstration que tout le monde va voir, afin de protéger les Bishnoi des dégâts du tourisme de masse. Nous comprenons, c'est une bonne chose.


Rencontre avec des bergers. Deux hommes et une femme très âgés s'occupent d'un troupeau de moutons et de chèvres. De nombreux animaux viennent de naitre dont un chameau. Gigaram, le plus vieux des bergers de la communauté Gurjar part avec son troupeau à la recherche de quelques verdures. Cela peut prendre la journée, sous un soleil de plomb. Il est équipé d'une gourde en plastique emmaillotée dans un étui de corde humide pour la maintenir au frais et un petit sac contenant deux chapatis.

A peine sortis de l'enclos, un camion s'arrête et lui achète quelques bêtes.


10h30 arrêt à Chotila, sur la NH 65 qui va à Pali. Le temple de OM Banna ou Bullet Baba est dédié à un motard et à sa moto. En 1988, Om Singh Rathore, en état d'ivresse, entre en collision avec un arbre. Il est tué sur le coup et son passager Narpat Singh est grièvement blessé. La moto est saisie par la police qui l'emmène au poste de police. Le lendemain matin, la moto est retrouvée sur les lieux de l'accident, apparemment sans intervention humaine.

Elle est à nouveau emmenée au poste de police, le surlendemain la moto est à nouveau sur les lieux de l'accident. Depuis ce mystère, la moto est vénérée ainsi que son chauffeur. La Royal Enfield Bullet est exposée dans une vitrine. Tous les gens qui passent par là s'arrêtent pour obtenir la protection de leur voyage. Certains viennent de loin.

L'arbre qui se trouve devant le temple est celui de l'accident. Il est vénéré, et entouré de foulards et de fils de couleurs pour obtenir protection mais aussi la réalisation de voeux.

La puissance de l'imaginaire collectif.


Arrêt dans le village de Sonai Manji, petit village typique avec les hommes qui jouent aux cartes sous le banian, le barbier, la boutique qui vend des chips, des bonbons, de la lessive, des sauces et quelques légumes. Il y a aussi des des vieux et des jeunes qui fument l'opium. L'opium semble être une pratique courante lors de festival, de cérémonies, de mariages, ou pour le plaisir. Seules les femmes ne fument pas. Il faut bien que quelqu'un garde les pieds sur terre !


Nous nous arrêtons souvent pour le plaisir: un paysage, une scène de rue, une scène de campagne, comme lorsque des femmes en saree colorés travaillent dans un champ de blé doré. Des saree qui sèchent sur un buisson etc...


Nous nous arrêtons à Karda, attiré par une scène particulièrement colorée et rencontrons Jamina et Lary qui préparent la terre pour cultiver le coton bio. Comme dans de nombreux villages elles nous parlent de l'exode des jeunes et des hommes, du fractionnement des propriétés, de la perte d'un patrimoine familial à plus ou moins longue échéance. Elles sont seules à cultiver un champ de coton qui rétrécit au fur et à mesure que les héritiers s'en vont et réclament leur part.


Arrêt au temple de Shree Ashapura Mataji de Nadole. Photos interdites.


Arrivée à Ghanerao vers 16h. A 17h Girver et le garde du fort nous font visiter le village. Village très pittoresque avec ses quartiers Jain, hindous, musulmans. Beaucoup de havelis sont abandonnés en mauvais état, mais aussi beaucoup de maisons modernes dont les propriétaires sont partis faire fortune ailleurs. De nombreuses maisons sont vides, fermées, presque à l'abandon. Il y a de nombreux baoris dans le village en mauvais état.

Visite des cénotaphes de la famille du maharadja.

Scènes de rue, magasins, petits métiers. Un village paisible.


  1. Puce Dîner et nuit au Ghanerao Royal Castel


Day 08 Lundi 01 avril 2024 Ghanerao - Dhariyawad 230 km 5/6 h

Arrêt au temple Choraya Jain Mandir à Charbhuja, les villageois fêtent le dernier jour de Holy ; il y a des groupes d'hommes bariolés partout. Une adolescente, Anita s'est hasardée dans la rue, elle est colorée.

Arrêt pour immortaliser un petit champ de blé dans son enceinte de pierres avec deux femmes Raku et Manga qui moissonnent. La lumière est belle, la scène est bucolique à souhait. Les hommes regardent, les femmes travaillent.  Raku en saree rouge, Manga en saree Jaune.


Arrêt au village de Mohan Ram Ji ka Guda pour voir une cérémonie réservée aux femmes (Desha Mata) 7 jours après Holy. Elles sont toutes de la communauté Meenar.

Dans le village la pompe a remplacé le puits mais ici les femmes se regroupent encore autour de la pompe et porte encore les pots de métal sur la tête.


Comme il se trouve sur notre route, Girver nous emmène visiter le temple de Eklingji que nous avions déjà vu et dont j'avais gardé un mauvais souvenir.

Cette fois là, des militaires en tenue de combat gardait le temple, arme sur la poitrine. J'ai fait l'objet d'une fouille brutale par un militaire qui voulait me montrer qu'il avait du pouvoir. Je n'ai pas envie de voir ce temple.

Dans la rue qui mène au temple, nous découvrons un tchai wala qui sert le thé comme autrefois dans des gobelets de terre.

Nous remarquons qu'un peu partout, même avec les vendeurs ambulants on peut payer le thé ou le jus de canne à sucre avec une application de smartphone. Bientôt on se fera livrer le thé et le jus de canne par "Uber Eat".


Dans le stand d'à côté, un vendeur sert du Bhang, boisson euphorisante/relaxante à base de cannabis, racines, tiges, feuilles. C'est parait il légal. Des clients consomment devant nous. Le vendeur nous laisse photographier le processus.


Visite du temple Sas Bahu, déjà vu une autre fois. Quelques quelques bas reliefs érotiques moins bien conservés qui rappellent Khajuraho. Beaucoup de jeunes mariés viennent se faire photographier par des équipes de photographes et leurs assistants. Il était difficile de circuler sans gêner les mises en scène.


  1. Puce 13h45 arrêt à Cheerwa Mohanpura au restaurant Jammu Himachal Dhaba : veg pakhora délicieux, assiette tomates concombre oignons, garlic naan.


Arr
êt dans une ferme du village de Kedariya rencontre avec Vainii (femme en orange) qui prépare le thé, Mangilai (sans turban), Daru (turban bordeau et vert), Diroba (turban rouge), Gori (saree multicolor). Ils nous offrent le thé.

Dans la ferme il n'y a que des femmes et des hommes âgés à la "retraite". Les hommes jeunes sont à la ville. Nous entendons à nouveau la complainte de la séparation des parcelles, de la ventilation du patrimoine, parce que cela n'intéresse plus les jeunes de vivre à la campagne et de travailler 7 jours sur 7 du matin au soir.

Dans quelques années qui fera pousser les légumes du marché ? Qui cultivera le blé des chapatis ? Les lobbies de l'industrie agro-alimentaire comme chez nous ??? 

Monsnato/Bayer/ Syngenta se sont emparé du marché des graines, notamment celles de coton modifiée génétiquement, ce qui a provoqué la ruine et le suicide de nombreux paysans. Ils tentent d'avoir le monopole de la culture du Neem. Ils envahissent le marché de pesticides cancerigènes, à l'origine de la prolifération des cancers en Europe et dans le monde, avec la bénédiction de nos gouvernements.

Si l'Inde se targue d'être en pleine expansion, elle est aussi la proie de ceux qui participent à cette expansion.

Longue vie Vandana Shiva et à l'agriculture humaine et biologique.

Arrêt au village de Neemdi. Découverte de notre premier champ de pavots à opium, contrôlé par le gouvernement. A partir de ce moment, nous en verrons tous les jours jusque Tordi Garh. Selon les dires, l'opium serait destiné aux laboratoires pharmaceutiques et à la médecine... Lorsque les pavots sont en fleurs, un agent du gouvernement recense le nombre de têtes qui donneront le précieux latex. Sachant qu'il y en a toujours qui échappent au contrôle et qui se vendront ailleurs à d'autres fins.
Le champ est sec, la récolte a eu lieu. A l'aide de têtes qui n'ont pas été récoltées, la propriétaire nous explique le processus pour obtenir l'opium.


Longue route à travers une foret sèche partiellement en feu, la Seta Mata forest reserve. Nous sommes arrêtés par un barrage de police qui contrôle le véhicule, prend des photos des plaques minéralogiques et du coffre. L'identité et les coordonnées du chauffeur sont enregistrées.

En raison d'élections nationales proche (juin), les échanges routiers sont très contrôlés afin d'éviter le transport d'argent destiné à corrompre les électeurs.

Scénario paradoxal dans un pays où la corruption est un sport national à tous les échelons.

Arrivée à Dhariyawad vers 18h35


  1. Puce Dîner et nuit au Dhariyawad Heritage


Day 09 mardi 02 avril 2024 Dhariyawad tribal village

Départ pour un tour des villages ethniques en jeep avec Pawan et Hava Cinda.

Sur la route rencontre de blacksmith de la communuaté Meenar à Bhandla. Ils fabriquent les outils et les armes dont les paysans ont besoin.

Visite d'une école primaire Gouv Upper prima Gadwas.(DHA) du village de Chatpur .

Nous observons que les instituteurs censés enseigner l'anglais savent à peine parler anglais...Ont ils réellement les bagages nécessaires pour donner toutes leurs chances à ces enfants ? Cela nous renvoie encore à l'égalité des chances dans un pays qui semble cultiver les inégalités, tout en se défendant de le faire.


Visite d'un village en maisons en terre, peu accueillant. Les gens semblent avoir peur. Les enfants s'enfuient, se cachent sous les lits, les femmes détournent la tête, les hommes sont quasiment absents. Notre guide nous explique qu'il ne s'agit pas d'inhospitalité ni d'agressivité. Ces gens sont tellement pauvres et vivent dans de telles conditions qu'ils ont honte. Que Dieu les protègent.

Tilonia c'est bien, mais avant d'aller en Colombie ou en Afrique, il y a peut être encore beaucoup de travail à faire en Inde...

Une jeune fille prend la pose : Sonia, puis une autre Reka.

Visite d'un barrage.

Visite d'une école primaire : l'instituteur nous poursuit en moto pour nous demander de venir visiter son école. Même uniforme, même enseignement traditionnel, même pauvreté qu'ailleurs. Nous rencontrons des enfants bien élevés, respectueux, à la différence de ceux qui nous harcèlent dans les villages. Nadia donne un cours de français au tableau, bonjour, bonsoir, merci, comment allez

vo
us...Nous sommes surpris par la capacité de ces enfants à s'adapter à une autre langue. Beaucoup semblent très vifs d'esprit.

Un des enfants attire notre attention, il a l'air triste, malheureux, prostré en comparaison aux autres qui ont l'air si vifs, si éveillés, si souriants.  Qu'y a-t-il derrière ce regard plein de détresse ? Une souffrance liée à la pauvreté matérielle ou nutritionnelle, un choc psychologique, un abus sexuel, un appel à l'aide ? Nous demandons ce qui lui est arrivé. Personne ne semble avoir remarqué qu'il va mal...Vu le contexte nous n'insistons pas.

La dernière fois que j'ai vu ce genre de regard était à l'orphelinat de mère Térèsa à Calcutta.


Arrêt au bord d'une rivière sous un banian pour prendre le thé avec des gâteaux. Dans ce contexte c'est un peu gênant.

Comme pratiquement chaque fois que nous faisons une halte quelque part, des connards en moto s'arrêtent, soit pour se mêler de ce qui ne les regarde pas, soit pour nous prendre en photo avec leur portable, contrairement à nous sans nous demander notre accord. Cette fois-ci lorsqu'ils se sont approchés, le chauffeur de la jeep les envoyé promener.


Visite de l'école privée sponsorisée par la famille royale. Uniforme de standing enseignantes maquillées parlant couramment anglais. Quel contraste avec les écoles gouvernementales. C'est l'heure du départ, ici le repas n'est pas offert. Par contre il y a des minibus de ramassage scolaire pour reconduire les enfants à leur domicile.


  1. Puce Déjeuner au Dhariyawad Heritage


Tour de ville avec Girver qui nous aide à comprendre tout ce que nous découvrons.

Nous prenons toujours plaisir à retrouver ces rues animées où déambulent des gens du villages mais aussi de villages très éloignés pour acheter des produits de première nécessité. On retrouve les boutiques habituelles de l'Inde d'avant: les marchands de tissus et de saree où se pressent les familles qui vont marier leur filles, les tailleurs qui font des chemises et des pantalons bien moins chers que ceux de l'industrie, des cordonnier qui non seulement réparent les chaussures mais en fabriquent, bien moins chères que celles de l'industrie, des bijoutiers qui font des bijoux en or ou en argent à la demande, des marchands de coquetteries dont les femmes raffolent: bracelets, colliers, ornements de nez et boucles d'oreilles, des confiseurs qui font sur place de délicieux burfis à la noix de coco, à la cardamome, des épiciers qui vendent tout ce qui se mange même ce qui semble immangeable, des marchands de légumes et de fruits, des vendeurs de lait et de curd, des barbiers, des coiffeurs, des boutiques d'électo-ménager où l'on trouve des petits générateurs, des ventilateurs, des téléviseurs. On commence à voir des ateliers de réparation informatique.

C'est le premier village où nous avons rencontré autant de femmes tailleurs. Nous avons fait la connaissance de Manjou et de Maya.


Rencontre d'un médecin homéopathe qui a son cabinet dans un des piliers de la porte d'entrée du fort Dhariyawad, le docteur Vimal Joothawat. Dans son officine, il a toutes les teintures mères de base. Il prépare lui-même les dilutions et les granules. Nous échangeons sur nos pratiques et mes petites connaissances en homéopathie et naturopathie. Il me raconte avec quelle produit il a combattu le COVID avec succès. Nous aurions grandement besoin d'un médecin homéopathe aussi bien formé et à l'écoute. S'il savait que chez nous l'homéopathie grâce à Macron est entrée dans les pratiques dites inefficaces voire illégales. Les médecins n'ont plus le  droit de se former à l'homéopathie.

Je lui laisse quelques produits que j'avais avec moi.


Rencontre des filles du Maharadja qui participent à la gestion du fort : Chandrika Ranawat et Diyya Ranawat. Pas étonnant que le fort soit aussi bien tenu, elles ont de la personnalité.


  1. Puce Dîner et nuit Dhariyawad Heritage


Day 10 mercredi 03 avril 2024 Dhariyawad - Bijaipur 160 km 3/4h


Départ 09h10 Arrêt pour rencontrer un agriculteur, Dana Ram qui retourne son champ avec des boeufs et une charrue dans le village de Dabi Khera, comme cela se faisait chez nous quand j'étais enfant. La famille propose de prendre le thé. Devant la maison, des plants de cannabis. Selon Girver ce serait des oiseaux qui aurait laissé tomber des graines. Mort de rire.

Sur la route, dans le village de Mundla, nous croisons une école qui manifeste en scandant des directives pour inciter les gens à aller voter. En Inde comme en France l'abstentionnisme semble être un fléau. On peut comprendre...


Paysage désertique, tout a l'air desséché. Les paysans semblent vivre dans une grande pauvreté, dans des cabanes en joncs tressés, au mûrs de terre et de bouses de vaches.


Dans un des villages une femme refait le sol devant sa maison comme beaucoup d'autres à l'occasion du festival de Desa Mata. Elle mélange de la terre et de la bouse de vache et l'étale comme du ciment.


Visite de l'école de Manpura avec des élèves très attachants. L'instituteur est seul et débordé. Les femmes travaillent à la récolte dans les champs de blé.


Dans un autre village, Bohera, d'autres femmes s'activent à rénover le devant de leur maison, toujours avec de la terre et de la bouse de vache.

Arrêt jus de canne à sucre, délicieux.


Arrêt dans le village de Mangalwar nous sommes attirés par le son assourdissant d'enceintes et la vision de femmes qui dansent en virevoltant. L'une d'entre elles danse avec beaucoup de grâce. C'est la cérémonie de la bague: entre trois mois et un an, les époux sont promis. Les familles ont vérifié la compatibilité du couple et ont validé le mariage. Comme ils sont promis, personne ne pourra contre carrer le projet. La promesse ne peut être transgressée.


Je n'ai jamais vu autant de champs de pavots depuis mon voyage en Afghanistan(1970) !


  1. Puce Arrêt déjeuner à l'hôtel Radhe Krishna à Bagund  pakhora et mix parotha


Arrêt à Deori pour visiter un atelier qui fabrique du jaggery à partir du jus de canne à suce : sans travail à cause du prix de la canne à sucre. Comme elle est fort sucrée en cette période, elle est davantage achetée par les vendeurs de jus, ce qui fait monter son cour.

Nous découvrons que le jaggery frais est plus ou moins malléable (mou), ce qui tend à déduire que celui que l'on trouve à l'état solide sur les marchés a été modifié (produit ajouté) afin de modifier son poids à l'avantage du vendeur.


Arrivée à Bijaipur vers 16h . A 17 h nous entamons un tour du village avec Griver. Les gens sont peu accueillants, peu souriants. Seule exception le repasseur Bardijen Dobi, qui travaille toujours avec un fer à charbon qui pèse très lourd.

Nous avons été agressés d'abord verbalement puis avec des objets lancés contre nous par des enfants de 12/13 ans. Face à notre réaction, des adultes interviennent en disant que ce ne sont que des enfants qui jouent. Pas étonnant que l'accueil de ce village soit aussi horrible si les adultes pensent que les gosses peuvent balancer des chaussures sur les étrangers. Nous déconseillons de visiter cette étape.

Nous rentrons au fort n'ayant plus envie de visiter ce village inhospitalier.


  1. Puce Dîner et nuit au Castel Bijaipur


Day 11 jeudi 04 avril 2024 Bijaipur - Tordi Garh  250 km 5/6h

Départ à 09h07, il fait gris et 28°. C'est le jour de Desa Mata.


Arrêt chez un potier dans le village de Bariyas. Il s'appelle Maden et sa femme Kanku.

Ils fabriquent des magnifiques pots de terre rouges zébrés de blanc que les femmes portent sur les hanches. Il travaille sur un tour électrique.


Arrêt au village de Akola pour assister à la cérémonie de Desa Mata qui regroupe les femmes du village. Elles sont mis leurs plus beaux saree rouge brodés or. Toutes apportent un plateau d'offrandes. A défaut de temple elles utilisent un arbre qui symbolise la divinité et projete leurs prières vers les cieux. Ici encore elles déroulent un fil autour de l'arbre pour faire un voeux. Chez les femmes de la campagne, la barrière des castes est moins prégnante. Ces cérémonies sont souvent multi castes.


Arrêt au village de Kadera pour voire le marché dans la rue principale, rencontre de jeunes femmes qui reviennent de la Desa Mata.

Elles nous invitent à boire le thé et nous présentent à leurs parents qui sont meuniers à huile.

 

Arrivée à Tordi Garh vers 16h. Nous sommes légèrement déstabilisés par l'accueil un peu rapide de Om Ji qui semble sous pression, la présence de deux groupes de Geek que nous voyons partir en jeep pour le Tribal village Tour, en mini shorts, mini-robes décolletées, et bermuda, parce qu'il fait chaud sous les tropiques., et l'état plutôt négligé de l'hôtel.

La nouvelle génération de voyageurs depuis quelques années, exporte sa façon de vivre plutôt que découvrir ou s'adapter à d'autres façons de vivre. C'est grâce à elle que l'on trouve du red bull, des burgers, des pizzas, de la wifi un peu partout.

Cela pourrait en partie expliquer pourquoi de nombreux jeunes mâles deviennent irrespectueux dans les villages.

Au moment de monter dans les jeep les groupes en grande excitation sont accompagnés d'un guide qui hurle comme un animateur de camp de vacances débutant. Au départ nous l'avions pris pour un membre du personnel de l'hôtel.


Tour du village avec Girver. Un village sombre et désert sans grand intérêt. Quelques boutiques comme dans la plupart des villages. Girver nous fait découvrir une sucrerie nommée Peda.

Les Geek ont décidé de faire la fête: leur guide les poussant à boire l'excitation est vite montée suivie de hurlements hystériques. La musique est assourdissante jusque 22h30. Pourquoi les gens ont ils tant besoin de gueuler et de s'exciter ? Dans un village si calme, le contraste est pénible.

  1. Puce Dîner et nuit au Tordi Garh.


Day 12 vendredi 05 avril 2024 Tordi Garh tribal tour

Ayant été effrayé par le comportement des groupes de la veille, nous ne souhaitons pas faire le Tribal Village safari encore moins en jeep. Finalement comme pour les Bishnoi, la jeep ne sert qu'à créer l'illusion d'aventure. Nous sommes comme nous sommes sans avoir besoin de jouer à Indiana Jones.


Nous allons à la rencontre des villages ethniques en voiture avec Girver et le guide de l'hôtel Om Ji. Le premier village, Balapura, est extraordinaire: les gens sont amicaux et accueillants. Nous avons le privilège de découvrir des femmes qui vont chercher l'eau au puits en portant les pots en équilibre sur la tête. Ces pots font entre 20 et 25 kg une fois plein. Elles en portent généralement deux plus le petit qui sert à remonter l'eau du puits.

Les plus matures semblent plus discrètes ou timorées et se couvrent le visage dès que nous arrivons.

La jeune Vasa (Pluie) moins craintive pose pour l'éternité. Dans quelques années cette image aura disparu des paysages indiens.


Les villageois nous accueillent dans leur maison et nous offrent le thé. Dans une maison, la matriarche s'est mise à chanter et à danser. La famille nous a offert un petit déjeuner traditionnel : un porridge de mais avec du curd.

Le second village, Bagria du nom de la communauté Bagriawokidhami, a été aussi impressionnant: village d'une communauté apparentée aux gitans, de la caste des intouchables (harijans) avec une réputation sulfureuse d'alcooliques violents, malhonnêtes, hors la loi, sans hygiène.

Nous nous y sommes sentis moins en insécurité que dans certains villages de fonctionnaires aux enfants et jeunes adultes arrogants et collants.

Les filles et les jeunes femmes sont particulièrement belles dans ce village.


  1. Puce Déjeuner au Tordu Garh


Le troisième village Jareli fait un peu balade de routine. On ressent les effets secondaires des jeep safaris. C'est le village des éleveurs et marchands de lait.

Je ne sais pas pourquoi, c'est peut être soit parce que je ne suis pas en short, en tee shirt, et en tong, soit parce que Girver a voulu faire une blague, les enfants m'ont pris pour un médecin qui fait des piqures. Ils se sont mis à avoir peur de moi.

Pour désamorcer le phénomène, j'ai proposé d'en soigner un avec des huiles essentielles. Je me suis mis à badigeonner son bras avec quelques gouttes de Marjolaine à coquille, qui est une huile à l'odeur agréable et sans danger. Tous les enfants du village ont alors voulu que je les "soigne".


Le quatrième village s'appelle Kera Malooka Nagar, le pire des villages avec Bijaipur, à éviter. On ressent les effets secondaires des jeep safaris.

Un village apparemment plus aisé que les autres. Probablement d'une caste supérieure... Des jeunes de 12 à 20 ans agressifs, arrogants, irrespectueux, mal éduqués, tellement chiants que nous avons fini par faire demi tour. Sans intérêt. Le paragon de la nouvelle génération smartphone.


Petite compensation, OM Ji nous invite à visiter sa maison et à prendre le thé.

Pour clore la journée orage et pluie.

  1. Puce Dîner et nuit au Tordi Garh


Day 13 samedi 06 avril 2024 Tordi Garh - Karauli 210 km  4/5h


Tour du village avec Om Ji. Tout aussi désert et triste que la veille. Visite au potier chez qui ont peut s'essayer au tour traditionnel.

Tordi Garh est vraiment sans intérêt en dehors de quelques villages des environs. deux nuits c'est trop.


Route pour Karauli. Arrêt à Raghunathpura pour un délicieux jus de canne.


Arrêt à Mandawari pour observer un cordonnier qui fabrique des chaussures en cuir à la réputation d'être solides. 500 Rps la paire. Il y a des chaussures traditionnelles, des chaussures d'apparat, de mariage, des chaussures pour femmes avec des broderies, des babouches.


Si nous avons été impressionnés par le nombre de champs de pavots, nous avons été encore plus impressionnés par le nombre de champs de blé. Cette partie du Rajasthan est en pleine récolte. Si certains utilisent les moissonneuses batteuses, d'autres récoltent toujours à la main; ce sont les femmes qui s'y mettent. Elles préparent le repas pour la famille, avant de partir. Elles vont travailler 8h sous un soleil ardent, avec une bouteille d'eau et quelques chapatis.

Du début à la fin de notre voyage nous avons été subjugués par le courage des femmes indiennes, qui s'occupent des enfants, des maris, des beaux parents et vont gagner quelques roupies pour faire vivre la famille.


Tout le long de la route nous croisons des milliers de pèlerins, (2 millions cinq cent mille, selon l'organisation). Une marée humaine qui va à pieds de la région d'Agra au temple de Kaila Devi, dans le district de Karauli, soit 200 à 280km selon le point de départ.


Femmes enfants, personnes âgées, handicapés, hommes de tous âges, sous un soleil de plomb, 28°/30° le matin, 40° l'après midi. Tout le long de leur parcours des sponsors (commerçants locaux et notoriétés locales)installent des tentes pour leur permettre de se reposer, offrant repas, boissons et parfois crèmes glacées. Nous avons vu beaucoup de pèlerins dont les pieds sont abîmés par cette longue marche. Nous n'avons pas vu de centre de soins.

Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour les rencontrer, leur parler. Ils sont partis le 2 avril et comptent arriver le 8 avril à Kaila Devi, soit 7 jours pour parcourir ce trajet.


Lors d'un des arrêts, un tenancier de stand de ravitaillement s'est montré grossier à l'égard de Nadia, Girver l'a remis en place tellement virulemment devant tout le monde que j'ai vu le connard s'écraser comme une moule.


C'est impressionnant de voir le courage de ces gens qui font ce sacrifice pour obtenir un meilleur karma, ou la réalisation d'un voeux.


A plusieurs reprises je me suis surpris à penser que si des gens capables d'un tel courage et don de soi faisaient la même chose pour améliorer le monde, ne fut ce que celui qui les entoure, nous n'en serions peut être pas là.


Arrivée à Karauli vers 16h30. Vers 17h nous partons faire le tour de ville avec Girver. La jeune femme qui est à l'accueil de l'hôtel se montre inquiète et nous met en garde contre l'insécurité qui règne à Karauli. Girver la rassure...

Nous traversons le quartier musulman et ses vendeurs de bois, de rotin, de bambou. Nous visitons le Madan Mohan Temple pendant la puja. Les manifestations religieuses prennent parfois une tournure hystérique qui peut effrayer.

En début de soirée nous rencontrons la Maharanee qui reçoit ses hôtes. Femme a forte personnalité.

  1. Puce Dîner et nuit au Bhanwar Palace


Day 14 Dimanche 07 avril 2024 Karauli - Delhi  270 km 5/6h

Route pour l'aéroport.

Nous nous arrêtons pour rencontrer des agriculteurs qui battent le blé avec une vieille machine efficace. Ils travaillent en famille, hommes, femmes, enfants.

Notre route côtoie toujours ces courageux pèlerins qui vont à Kaila Devi.


Nous apercevons un champ de blé immense avec des dizaines de femmes qui récoltent à la faucille, supervisées par des hommes qui hurlent lorsqu'elles parlent un peu trop ou relèvent la tête. Nous allons à leur rencontre, ce qui inquiète le propriétaire et fait rire les femmes...


Lorsque le vieux propriétaire décédera, peut être que ses fils voudront vendre l'immense propriété pour récupérer chacun leur part de la richesse familiale.

Imaginons que ce soit un lobby agro-alimentaire qui rachète le terrain, comme c'est le cas en France avec les Chinois. On verra apparaitre de grosses moissonneuses batteuses, qui replaceront les femmes et les hommes qui travaillaient dans les champs. Que deviendront tous ces gens, même s'ils n'étaient payés que 300/400 roupies par jour ?

Nous souhaitons à l'Inde de ne pas changer trop vite, et de changer aux bons endroits, afin de ne pas nous ressembler. Si le progrès est attirant, il semble important d'en évaluer les bénéfices et les inconvénients avant qu'il soit trop tard.


  1. Puce Au moment du déjeuner, lorsque nous arrivons au restaurant, un homme nous interpelle en Français: c'est Raj qui est venu à notre rencontre. Grand moment d'émotion, d'échange, de partage. Nous lui faisons part de notre joie d'avoir choisi son agence pour faire ce voyage qui est un des plus beaux que nous avons faits.

Girver était au courant mais n'avait rien dit.

Dur moment de séparation à l'aéroport. Le retour à notre réalité n'est pas facile.


Day 15 Lundi 08 avril 2024 Delhi - Doha - Nice


 

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